Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du « Monde Afrique » depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du « Monde Afrique ».

Un an après les annonces, la feuille de route se précise un peu. En octobre 2021, Emmanuel Macron conviait à Montpellier son « Nouveau sommet Afrique-France ». Objectif : refonder la relation entre l’Hexagone et le continent en misant sur le dialogue avec sa jeunesse, alors que la présence française est de plus en plus contestée en Afrique. Projet phare annoncé à l’issue de ce sommet, la Fondation de l’innovation pour la démocratie a été inaugurée à Johannesburg jeudi 6 octobre. Un outil ambitieux dans sa conception, encore largement insaisissable dans la forme, mais déjà contraint de slalomer entre les ambiguïtés de ses liens avec la France.
L’ambition, pour commencer. A la veille des rencontres de Montpellier, l’historien et philosophe camerounais Achille Mbembe avait remis un rapport de 140 pages au chef de l’Etat français, un état des lieux élaboré à partir d’une soixantaine de débats animés dans douze pays africains. Il y formulait treize propositions, au premier rang desquelles la création d’un « fonds d’innovation pour la démocratie » destiné à « accompagner la montée en compétences des acteurs des sociétés civiles africaines ».
Dans son rapport, le philosophe soulignait « la nécessité de mettre en place une nouvelle génération d’institutions et de dispositifs susceptibles d’encourager des modes d’interaction plus participatifs, plus inclusifs et plus égalitaires ». Comme il l’a récemment écrit dans Le Monde, M. Mbembe veut également « réarmer » le continent sur le plan intellectuel, artistique et culturel, afin de lutter contre le recul de la démocratie.
Organisation de droit sud-africain hébergée sur le campus de l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, où M. Mbembe est professeur, la Fondation de l’innovation pour la démocratie souhaite ainsi développer un nouveau mode de coopération, sous la forme d’un partenariat flexible associant la recherche à l’accompagnement d’initiatives de terrain.
« Droit à l’expérimentation »
Concrètement, M. Mbembe, missionné en avril par M. Macron, a constitué un comité de préfiguration de la fondation composé de douze membres, épaulés par une cinquantaine de partenaires mêlant acteurs associatifs, entrepreneurs et représentants de la diplomatie française. Ensemble, ils ont déjà acté la création de quatre campus régionaux destinés à « ancrer l’action dans les réalités locales nationales très concrètes », a détaillé M. Mbembe au cours d’une présentation accompagnant le lancement de la fondation.
Il vous reste 60.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.