Des chiens infestés de parasites, un environnement insalubre, des suivis vétérinaires inexistants, des bêtes qui s’entretuent… Le récit d’anciens employés et membres de l’entourage d’un chenil de Lévis donne froid dans le dos.
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«On nous disait qu’un chien blessé ou trop malade n’était pas fait pour cette vie-là. Ils le laissaient mourir ou l’abattaient, pas question de payer un vétérinaire», raconte un ancien employé qui a travaillé quelques années au Chenil La Poursuite et qui a tenu à garder l’anonymat par crainte de représailles.
Attachés en permanence à une «laisse de 4 ou 5 pieds», mal entretenus, et en l’absence de stimulation durant la saison morte, certains des quelque 200 chiens de l’endroit deviendraient agressifs envers les autres, expliquent nos sources.
«Récemment, ils ont coupé la queue d’un chien avec un outil de menuiserie parce qu’il se l’était fait choper par son voisin de laisse», confie une autre source, soulignant qu’il est arrivé à plusieurs reprises que des employés rentrent le matin et doivent ramasser des cadavres.
Nos informateurs dénoncent également l’euthanasie des chiots des nouvelles portées non voulues à l’aide d’une carabine ou d’une masse… lorsque ceux-ci ne seraient pas de problèmes liés à la consanguinité.
Des parasites et des virus
Ces allégations surviennent quelques mois seulement après la fermeture de l’entreprise Expédition Mi-Loup, à l’île d’Orléans, en raison d’un scandale similaire. Les trois propriétaires de l’organisation ont récemment été accusés de cruauté animale.
Après avoir eu vent de la situation du Chenil La Poursuite, Shay Lee, une activiste qui a été impliquée dans la chute d’Expédition Mi-Loup, s’est rendue à Lévis pour en avoir le cœur net.
Se faisant passer pour un foyer d’accueil, elle a pu récupérer une trentaine de chiens dont le chenil ne voulait plus, qu’elle a ensuite traités et envoyés dans des refuges. Mais ce qu’elle y a vu l’a complètement déroutée.
«Ça ressemblait à un marécage, il y avait de la boue mêlée à des algues bleu-vert partout. L’eau des chiens était jaunâtre et ils tournaient en rond entre leurs excréments et les carcasses de poulets crus», relate celle qui, comme plusieurs de nos sources, a porté plainte au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Plusieurs des canidés qu’elle a secourus étaient également infestés de parasites, de vers ou du parvovirus, comme en témoignent les rapports de vétérinaires consultés par Le Journal.
«Complètement faux»
Le Journal s’est rendu sur le site de l’entreprise de balade en chien de traîneaux, dimanche, pour questionner le propriétaire principal de l’endroit, Laurent Caouette, sur les allégations dont il est la cible.
S’il a d’abord refusé de commenter la situation, souhaitant attendre la visite du MAPAQ dans les prochains jours, il a finalement nié les faits qui lui sont reprochés.
«C’est complètement faux! Il n’y a jamais aucun chien qui a été maltraité ici. Ce sont des gens qui veulent fermer les chenils qui racontent des mensonges. Nous, on suit les règlements du MAPAQ», affirme M. Caouette.
Appel aux élus
Bien qu’il considère les propos tenus par d’anciens employés et membres de l’entourage de l’organisation comme de «fausses rumeurs», l’homme craint tout de même les conséquences que ceux-ci pourraient avoir sur son entreprise.
«Si on ferme, ce sont 200 chiens qu’on va devoir euthanasier», soupire-t-il.
Près de 500 personnes ont d’ailleurs envoyé un courriel à divers élus provinciaux et municipaux les incitant à enquêter sur l’endroit de façon urgente.
Questionné sur le cas du Chenil La Poursuite, le MAPAQ n’a pas répondu à nos demandes hier.