Dans une optique de transition écologique, de nombreux gestes peuvent être adoptés au quotidien tels que faire du vélo pour aller au travail, manger bio, limiter les trajets en avion, boycotter les vêtements fabriqués à l’autre bout de la planète. Cependant, lorsqu’il s’agit de trouver un emploi qui correspond à ses convictions, les jeunes peuvent être confrontés à des difficultés. Comment éviter les désillusions ? Tous les jeunes sont-ils concernés par cette quête de sens ? Comment les écoles et les entreprises s’adaptent-elles aux attentes de ces jeunes engagés ?
Le festival « Nos futurs » a donné l’occasion à plusieurs personnalités d’échanger et de confronter leurs points de vue sur ces enjeux. Léa Falco, militante membre du collectif « Pour un réveil écologique », Dominique Méda, professeure de sociologie et directrice de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire en sciences sociales à l’Université Dauphine-PSL, Lucie Pinson, militante écologiste engagée pour la justice sociale et fondatrice et directrice de Reclaim Finance, une structure affiliée aux Amis de la Terre France, et Yannick Servant, cofondateur de la Convention des entreprises pour le climat (CEC), ont partagé leur expérience et leur vision.
Dominique Méda a tout d’abord rappelé que les jeunes ont des attentes immenses concernant leur travail : bien gagner leur vie, avoir un travail intéressant, mais aussi accorder une grande importance aux relations sociales et à l’ambiance de travail. Elle observe également que ces attentes viennent se heurter à la réalité du travail et créent une grande déception au moment de l’entrée dans le monde professionnel.
Pour Léa Falco, membre du collectif « Pour un réveil écologique », deux tiers des jeunes de 18 à 30 ans, interrogés sur leurs attentes environnementales et sociales vis-à-vis de leur employeur, déclarent être prêts à ne pas accepter un emploi qui ne correspondrait pas à leurs standards.
Yannick Servant soulève la question de la catégorie de jeunes à qui il faut s’adresser en priorité lorsqu’on parle de ces enjeux. Il estime qu’il est plus pertinent de s’adresser aux premiers 20 %, les plus engagés et qui ont le pouvoir de sonder, oser et mettre en concurrence les employeurs. Pour Léa Falco, tous les jeunes ne peuvent pas se faire entendre, seuls les cadres, ingénieurs et managers peuvent agir efficacement pour influer sur la structure et l’orientation des entreprises.
Lucie Pinson, quant à elle, remarque que les collectifs de salariés engagés restent encore marginaux et n’ont pas vraiment de pouvoir de changement fondamental au sein des entreprises. Elle estime que les entreprises ont tout intérêt à être plus respectueuses de l’environnement pour attirer les meilleurs talents et ne pas réduire leur part de gâteau dans le recrutement.
Au-delà de l’aspect environnemental, ces personnalités soulignent également l’importance d’un rapport différent au temps de travail à l’intérieur des entreprises. La question du temps est liée à la réflexion sur l’engagement écologique et social, qui fait partie des axes stratégiques dont « l’écosystème écolo » doit s’emparer. Léa Falco estime que la réflexion doit aboutir à une régulation qui impose aux entreprises de prendre en compte ces réalités sociales.
Enfin, la question de la santé mentale au travail est également évoquée. Selon Lucie Pinson, il est impératif d’apprendre à dire non et à prioriser pour éviter l’angoisse et le sentiment d’urgence permanent.
En somme, ces personnalités s’accordent pour dire que les jeunes ont des attentes immenses vis-à-vis de leur travail et que les entreprises doivent s’adapter pour les attirer. Toutefois, le pouvoir de changement reste limité pour les salariés et la régulation doit être mise en place pour permettre un engagement sociétal plus important en entreprise. Enfin, une révision complète de la stratégie de l’entreprise est nécessaire pour répondre aux nouvelles attentes des jeunes, notamment en matière de rapport au temps et de santé mentale au travail.
