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Champion de Formule 3, Victor Martins, un talent qui s’épanouit dans la pouponnière d’Alpine

Champion de Formule 3, Victor Martins, un talent qui s’épanouit dans la pouponnière d’Alpine


Victor Martins, sur le circuit de Catalogne, le 21 mai 2022.

Loin du suspense de la saison dernière, Max Verstappen file tout droit vers un deuxième titre de champion du monde de Formule 1. Le Néerlandais pourrait même être sacré dès le Grand Prix de Singapour, dimanche 2 octobre. Mais c’est une autre incertitude qui agite les paddocks. Qui pilotera aux côtés d’Esteban Ocon chez Alpine en 2023 ?

Lire aussi : Max Verstappen : « En F1, si tous les pilotes étaient semblables, ça serait ennuyeux »

Le deuxième baquet de l’écurie française suscite depuis des semaines controverse et convoitise. Tout est parti de la décision du vétéran Fernando Alonso, qui a choisi de rejoindre Aston Martin. Pris de court, Alpine propose la place vacante à un pilote de son académie, Oscar Piastri, mais l’Australien claque la porte au nez du constructeur français pour rejoindre McLaren.

Si cet épisode rocambolesque est sur le point de connaître son dénouement – Alpine devrait bientôt annoncer l’heureux élu –, il permet de mettre en lumière le système des académies de jeunes pilotes. Par ces structures, sortes de centres de formation, les grandes écuries comme Ferrari, Red Bull ou Alpine misent sur des talents qu’elles prédestinent à conduire peut-être un jour en F1.

A 21 ans, Victor Martins ne fait pas encore partie de la short-list pour décrocher le Saint Graal, même s’il est l’un des talents les plus prometteurs de l’académie Alpine. Le 11 septembre, sur le circuit de Monza, le Français a décroché le titre de champion du monde de Formule 3. Son troisième sacre personnel, puisqu’il avait déjà été champion du monde junior de karting en 2016 et vainqueur de la Formule Renault Eurocup en 2020.

La F1 ? C’est forcément un objectif mais pas pour tout de suite. « Après mon titre, les médias n’ont pas hésité à me dire : “C’est bon, tu vas prendre la place chez Alpine ?” J’ai répondu d’emblée : “Non pas du tout”, confie Victor Martins. Je ne suis même pas dans les noms des pilotes pressentis. »

« Je sens que je suis prêt à beaucoup de choses »

N’y voyez aucun manque d’ambition. Son tour n’est simplement pas encore venu. « Si on me met dans le baquet, j’y vais direct. Je sens que je suis prêt à beaucoup de choses, ajoute-t-il. Pour l’expérience, je pense que c’est mieux de passer par la Formule 2 avant. » Alpine a organisé des tests en Hongrie, notamment avec le Néerlandais Nyck de Vries, pilote de réserve chez Mercedes, et un autre pilote de son académie, l’Australien Jack Doohan, 5e du championnat de F2. Mais le favori du constructeur tricolore reste Pierre Gasly, qui est sous contrat avec Alpha Tauri en F1, écurie partenaire de Red Bull.

« En F2, je veux impressionner. Et je vise idéalement la F1 en 2024 », indique Victor Martins

De son côté, Victor Martins est en pleine négociation pour prolonger l’aventure avec l’écurie ART. Ce qui ne l’empêche pas de garder un œil sur le choix d’Alpine : « Ça serait mentir de dire que je ne m’y intéresse pas, que je ne réfléchis pas à quel pilote serait le mieux pour la suite de ma carrière. Mais à la fin, ce qui compte, c’est d’avoir des résultats car rien ne sera possible sans. »

Sur le cas Piastri, qu’il connaît bien pour l’avoir affronté pour le titre en 2019 en Formule Renault, il reste prudent : « Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je ne connais pas le contrat, ni ses clauses. » Le jeune Français développe sa propre vision de ses rapports avec son écurie de tutelle : « Je me sens très bien avec Alpine. Je ne me vois pas avec une autre écurie. C’est grandement grâce à eux que je continue à faire ce sport et à espérer d’être un jour en F1. Il faut être fidèle des deux côtés. »

Lire aussi Fernando Alonso : « Alpine peut être un sérieux challenger en F1 »

Bien que le départ de Piastri chez McLaren le fasse progresser d’un rang dans la hiérarchie interne d’Alpine, son ambition repose sur ses propres performances. Et le pilote a une idée très précise de son itinéraire : « J’ai passé du temps dans les catégories inférieures, j’ai fait les erreurs qu’il faut faire jeune, puis j’ai gagné. En F2, je veux impressionner. Et je vise idéalement la F1 en 2024. »

Salué par Luca de Meo à Monza

Il en est persuadé : même si un pilote confirmé comme Gasly rejoint Alpine en 2023, de belles performances la saison prochaine dans l’antichambre lui ouvriraient les portes de la catégorie reine. « Il n’y a pas de raisons qu’Alpine ne me trouve pas un baquet dans une autre écurie pour apprendre », prédit le jeune homme.

A Monza, lors de son titre, le DG de Renault, l’Italien Luca de Meo, est venu le saluer en personne. « C’est important de savoir que l’on est pleinement soutenu par une bonne académie. Leur vision est de prendre des pilotes et de pouvoir les emmener au plus haut niveau. »

Ancien champion de France de gymnastique à l’âge de 10 ans, le jeune garçon a découvert le kart de compétition en 2011 à l’occasion d’un voyage au Portugal, grâce au père d’un de ses camarades. Cinq ans plus tard, il est le plus jeune champion du monde junior français de la discipline. Deux ans après, il intègre l’académie de Renault.

En 2020, la relation connaît un petit accroc. Battu par Piastri de sept points au championnat de Formule Renault, il se voit retirer son statut par Alpine. Le Français n’en garde aucune rancœur. Il y puise sa motivation pour prendre sa revanche. Il est sacré la saison suivante et réintègre la maison mère dès 2021. « J’avais commis des petites erreurs. C’était logique sportivement. Mais je savais que si j’étais titré, j’allais rentrer à nouveau dans l’académie. Je voulais montrer que c’était une mauvaise décision », décrit-il.

« Je crois que je suis dans les temps »

Etre membre d’une académie, plus qu’un simple soutien financier sur plusieurs années, c’est l’assurance de côtoyer le haut niveau et de bénéficier des structures et de technologies de pointe. Comme un jeune footballeur qui aurait la chance de s’entraîner avec les pros. Victor Martins suit un programme de préparation physique grâce à des coachs d’Alpine. Il participe à des stages, travaille sur simulateur et se rend régulièrement à Enstone, l’usine F1 de la marque.

« Ils essaient de me faire venir les week-ends de Grand Prix. Dans “l’ops room” [salle des opérations], je peux suivre en direct les performances des monoplaces auprès des ingénieurs… », détaille-t-il. Lors du Grand Prix de Monaco en mai, il a même eu accès au garage Alpine. A Monza, il a pu faire connaissance avec les mécaniciens de l’écurie.

Champion en F3, la saison prochaine en F2, Victor Martins en est persuadé : « La F1, ça se prépare des années en amont. Un tel projet se construit. Et je crois que je suis dans les temps. » Croire en son destin, c’est le minimum lorsque l’on prétend intégrer un cercle aussi élitiste que la Formule 1.

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