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« C’est aux joueuses de prendre des initiatives pour faire bouger les choses sur le tabou des menstruations »

« C’est aux joueuses de prendre des initiatives pour faire bouger les choses sur le tabou des menstruations »


Estelle Nze Minko, demi-centre de l’équipe de France de handball, lors du match France-Croatie pendant l’Euro au Danemark, le 18 décembre 2020.

Récemment nommée capitaine de l’équipe de France de handball, Estelle Nze Minko, demi-centre du club hongrois de Györ, a publié en 2020, sur le site de Règles élémentaires, une tribune dénonçant le tabou des règles dans le sport de haut niveau. Depuis, la jeune femme de 31 ans déplore qu’au-delà de la prise de conscience, dans les faits, « rien n’a bougé ».

Pourquoi avoir choisi de médiatiser la problématique des menstruations chez les handballeuses de haut niveau ?

Le sujet s’est imposé à moi en 2019, quand j’évoluais dans mon club précédent, à Siofok, en Hongrie. Un jour, le préparateur physique du club m’a demandé de le prévenir de mes dates de menstruation afin d’adapter ses séances de musculation. A l’époque, j’avais trouvé ça déplacé, intrusif. Je l’avais pris pour un fou. En dix ans de handball à haut niveau, personne ne m’avait jamais questionnée sur le sujet auparavant. J’ai alors compris à quel point c’était un tabou dans le sport de haut niveau.

Cette discussion avec lui a déclenché en moi une avalanche de questions. A l’époque, je sortais d’une relation et j’avais décidé d’arrêter la pilule. Mes règles, qui étaient sages et tranquilles sous pilule, sont devenues lourdes et douloureuses d’un mois à l’autre. Pour la première fois depuis longtemps, j’éprouvais de réelles difficultés à m’entraîner mes jours de règles et je ressentais une fatigue importante que je savais dangereuse pour ma santé.

Vous parlez de tabou : les choses ont-elles progressé depuis votre prise de parole ?

Mon appel a provoqué une prise de conscience. J’ai reçu beaucoup de messages, très positifs pour la plupart. De jeunes entraîneurs masculins m’ont même remerciée d’avoir attiré leur attention sur un problème qui leur avait échappé. Mais, concrètement, rien n’a bougé. Aucun dispositif n’a été mis en place, ni dans mon club de Györ ni en équipe de France. En Hongrie, c’est très compliqué d’aborder ces sujets. La loi sur l’avortement y a été durcie et on oblige désormais les femmes qui veulent avorter à écouter le rythme du cœur du fœtus avant de confirmer leur décision.

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Avec l’équipe de France, le contexte est tout même favorable. Il y a de la bonne volonté et le sujet n’est pas tabou, du moins entre les filles et l’encadrement.

Quelles initiatives concrètes suggérez-vous ?

On pourrait, par exemple, prévoir des séances d’échauffement plus progressives ou des entraînements moins intenses pour les filles qui ont leurs règles. On pourrait aussi prendre en compte les dates des règles dans la mesure des performances. Mais, pour l’instant, rien n’a encore été fait.

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