INDIANAPOLIS | Ceux qui ne connaissaient pas Bennedict Mathurin à Indianapolis savent maintenant qui il est. Malgré la défaite, le Québécois s’est vite imposé comme le favori de la foule. «Il a des outils que personne d’autre dans notre équipe ne possède», a même clamé son entraîneur Rick Carlisle, après ce premier opus convaincant dans la NBA.
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Mathurin a bouclé ce match inaugural des Pacers avec une récolte de 19 points, sept rebonds et deux passes décisives, dans un revers de 114-107 face aux Wizards de Washington.
Il a réussi trois de ses six lancers de trois points et deux lancers francs en cinq tentatives. Le tout, en 27 min 42 s sur le parquet.
«C’est bien de voir que les gens de l’Indiana sont intéressés à moi. Ils commencent à connaître qui je suis et ce que je vais apporter à l’équipe», a souligné le Montréalais dans un couloir du Gainbridge Fieldhouse après la partie.
«Je voulais une victoire, mais c’était un bon premier match pour moi. Que ce soit ce soit un match hors-concours ou mon premier match de saison régulière dans la NBA, je saute sur le terrain comme si j’allais jouer dans un parc. Il n’y a pas vraiment de stress», a-t-il enchaîné, le plus calmement du monde.
Accueilli en grande pompe
Avant même que la rencontre débute, le représentant de Montréal-Nord, qui a été sélectionné au sixième rang du dernier repêchage, a fait sensation.
Lors des présentations d’avant-match plutôt dépourvues d’émotions, Mathurin a été clairement le joueur le plus acclamé par les spectateurs, avec Tyrese Haliburton.
Il aura fallu patienter à peine plus de cinq minutes pour que Mathurin saute sur le plancher. Et quel début! Avec 6 min 46 s à jouer au premier quart, il effectuait ses premiers pas. Onze secondes plus tard, il réussissait son premier panier. Pas plus compliqué que ça!
«C’est un bon choix pour nous. Chad [Buchanan, le directeur général] a fait du bon travail sur celui-là et c’est un favori de la foule. Quand je l’envoyais sur le terrain, les partisans devenaient fous. Il y a d’excellentes choses à venir pour lui, il n’y a aucun doute», s’est réjoui l’entraîneur Rick Carlisle, qui a ajouté qu’avec Mathurin, «les possibilités sont incroyables.»
Bougie d’allumage
Malheureusement pour Mathurin et sa bande, les Wizards ont pris rapidement le contrôle au tableau indicateur, mais l’ancien des Wildcats de l’Arizona s’est vite chargé de donner un aperçu de son immense talent.
Avec les Pacers en retard 31-19 avec 49 secondes à écouler au premier quart, il a réussi coup sur coup deux paniers de trois points qui ont littéralement allumé l’amphithéâtre vendu à sa cause.
À la fin des 12 premières minutes de jeu, Mathurin semblait parti pour la gloire avec 10 points. Il s’est aussi démarqué lorsque la chaleur montait dans la cuisine avec cinq points dans les derniers moments du match.
Son entraîneur n’a jamais hésité à l’envoyer dans la mêlée en fin de partie malgré son faible bagage d’expérience, même s’il a pris soin de spécifier que l’apprentissage devra se poursuivre.
«Sa prise de décision était parfois bonne, mais d’autres fois, elle devra être vraiment meilleure», a spécifié Carlisle, rappelant que c’est le métier qui rentre.
«J’apprécie d’avoir la confiance de mon entraîneur et de mes coéquipiers. C’est le rôle que j’avais en Arizona et je suis content de voir que c’est la même chose ici. Je suis prêt, qu’il reste dix minutes ou 30 secondes. Je suis le même joueur avec la même confiance. J’aime avoir le ballon dans ces moments», a quant à lui martelé Mathurin.
Brillant avenir
Les Pacers sont l’une des plus jeunes formations de la NBA, avec 12 joueurs de 25 ans ou moins dans leurs effectifs. Tout indique que Mathurin deviendra à plutôt brève échéance un pilier de l’équipe.
«J’ai toujours cru que j’allais atteindre mon rêve et je ne suis pas étonné d’être rendu là. J’ai travaillé pour et je veux faire en sorte de rester le plus longtemps possible», a dit l’un des joueurs les plus spectaculaires de la soirée.
Mathurin a été le deuxième plus prolifique pointeur des siens, derrière Tyrese Haliburton (26 points). Nul doute que cette première impression a été saisissante.
Dans le calepin…
- Après avoir été repêché par les Pacers de l’Indiana, Bennedict Mathurin a fait écarquiller bien des yeux lorsqu’il a parlé du fait que même un joueur comme LeBron James devrait lui prouver sur le terrain qu’il est meilleur que lui. Voilà une recrue qui n’a pas froid aux yeux, c’est le moins qu’on puisse dire ! « C’était juste une façon d’exprimer ma confiance en moi, mais les médias ont fait une grosse histoire avec ça. Tu dis une phrase et des gens l’interprètent, mais c’est ce que j’avais à dire et je ne me sens pas mal de l’avoir dit », a-t-il commenté au Journal, mardi.
- Faire ses premiers pas dans la NBA, c’est aussi se mesurer à quelques-unes de ses idoles de jeunesse. C’était le cas mercredi soir pour Mathurin, avec le garde des Wizards Bradley Beal. Vétéran qui a fait son entrée en 2012 à titre de troisième choix au total, Beal a toujours évolué à Washington et il a été sélectionné à trois reprises comme joueur étoile, en 2018, 2019 et même la saison dernière. « C’est un honneur de jouer contre Bradley Beal. Je l’ai regardé souvent quand j’étais plus jeune et l’année passée, quand j’étais en Arizona. C’est spécial d’avoir l’opportunité de jouer contre lui et de voir comment il est sur le terrain », s’est extasié le Québécois.
- Le premier choix au prochain repêchage de la NBA sera le Français Victor Wembanyama, à moins d’une surprise. Dans le milieu, il est présenté comme le plus bel espoir depuis LeBron James. Les Pacers, qui sont en virage jeunesse, sont considérés comme une formation qui pourrait finir parmi les dernières du circuit pour ainsi accéder à de meilleures chances à la loterie. Les joueurs entendent ce raisonnement des analystes, mais ont d’autres plans. « Tout le monde a droit à son opinion, mais ce qui nous importe, c’est ce qui se passe sur le court. On veut avoir du plaisir en grandissant comme équipe. Nous avons beaucoup de jeunes joueurs, mais aussi beaucoup de talent. J’haïs perdre, donc je vais tout faire pour que ça se passe bien », a indiqué Mathurin.
« Un moment très émotif » –Jennifer Mathurin
INDIANAPOLIS | Le dicton veut que derrière chaque grand homme, se cache une femme. Pendant que tous les projecteurs sont braqués sur Bennedict Mathurin, sa sœur Jennifer a choisi d’interrompre ses projets professionnels pour se dévouer entièrement à la carrière de la jeune sensation des Pacers de l’Indiana.
Plus tôt cette année, celle qui faisait partie du personnel d’entraîneurs de l’équipe féminine de basketball de l’Université Bishop’s, à Sherbrooke, a choisi de quitter ses fonctions pour demeurer auprès de son frère à titre de conseillère spéciale.
La NBA étant un tout nouveau monde à apprivoiser pour la recrue de 20 ans, sa sœur qui est de neuf ans son aînée s’assure qu’il peut se concentrer sur son jeu et qu’il ne manque de rien.
« Il est encore jeune et on a voulu faire en sorte qu’il ait un bon système de soutien autour de lui. J’ai choisi de mettre mes affaires sur pause. C’est la famille d’abord et c’est important d’être le plus possible près de lui. C’est un bon sacrifice, mais c’est important que je sois là s’il a besoin de quoi que ce soit », a témoigné Jennifer, rencontrée mercredi, quelques minutes avant les débuts du frangin dans la NBA.
Sa mère et une poignée d’amis ont assisté aussi à la rencontre très attendue.
En contrôle
Pour Jennifer, il s’agissait évidemment d’une soirée fertile en émotions. Après les derniers mois ponctués de différentes étapes dans le cheminement de son frère, elle se sentait plus en contrôle que jamais.
« J’ai pu m’adapter à son cheminement dans la NBA parce qu’il y a eu des matchs de Summer League et des matchs présaison. C’est sûr que là, c’est un moment très émotif », a-t-elle mentionné.
« Honnêtement, je pleure depuis qu’il a fait ses premiers pas en Summer League, donc je pense qu’il ne me reste même plus une larme à verser ! » a-t-elle ajouté dans un grand éclat de rire.
Pas de craintes
Autant pour Jennifer que pour Bennedict Mathurin, la nouvelle aventure dans le monde du basketball professionnel présente son lot d’inconnu.
Jusqu’ici, tout se déroule à merveille.
« C’est un bon défi, mais c’est correct parce que je vois que Bennedict se sent très bien. C’est une job maintenant, mais j’ai toujours cru que lorsqu’on travaille fort, on peut tout accomplir », a lancé Jennifer.
La sœur et conseillère du joueur déjà très en vue à Indianapolis a pris la peine de savourer la scène.
« Tous les joueurs de basketball, quand ils sont jeunes, le rêve c’est la NBA. Bennedict est rendu là. C’est juste malade ! Des fois, tu te dis : “OK, faut vraiment que je me pince”. En même temps, je sais que c’est devenu la réalité. »