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Au procès de l’incendie des Tattes, des peines avec sursis réclamées

Au procès de l'incendie des Tattes, des peines avec sursis réclamées


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GenèveIncendie des Tattes: un procès «destiné à décevoir»

En 2014, un sinistre avait semé la terreur dans un foyer pour requérants d’asile. Mercredi, le Parquet a requis des peines avec sursis contre les prévenus accusés d’homicide par négligence.

Paniqués par la fumée montant dans les étages, plusieurs requérants d’asile avaient sauté par les fenêtres.

Paniqués par la fumée montant dans les étages, plusieurs requérants d’asile avaient sauté par les fenêtres.

20 min / dra

«Certains procès sont destinés à décevoir.» Ce mercredi, la phrase introductive de la procureure Anne-Laure Huber a planté le décor de celui de l’incendie mortel du foyer pour requérants d’asile des Tattes, en 2014. Y cohabitent d’un côté les immenses attentes des victimes marquées par «un sinistre terrifiant et une scène de chaos»; de l’autre la réelle responsabilité des prévenus, qui certes ont tous fait des erreurs, mais ont tenté de bien faire, a minima n’ont pas voulu mal faire. Et, en sus de ces responsabilités, «il y a ces coupables invisibles, la fatalité, la malchance, les décisions financières, politiques, qu’on ne peut jamais renvoyer en jugement».

Les quatre prévenus principaux sont notamment accusés d’homicide par négligence. Le Ministère public a requis 15 mois avec sursis contre le résident de la chambre d’où le feu est parti par accident. La procureure a souligné sa négligence, justement, l’incendie ayant sans doute été causé par une plaque chauffante interdite avec laquelle il avait cuisiné ou des mégots – mais elle a noté qu’en cuisinant pour des pairs, il «tentait de garder un soupçon de dignité» dans un lieu qui en manquait cruellement. 

Les Protectas ont «fait tout faux»

Des peines pécuniaires avec sursis (360 et 270 jours-amendes) ont été réclamées contre les deux Protectas qui ont favorisé la diffusion de la fumée dans le bâtiment en ouvrant la porte de la chambre sinistrée pour tenter d’éteindre le feu – une action contraire à toutes les règles en la matière. «Ce soir-là, tout le monde a paniqué, observe la magistrate. Mais peut-on mettre sur le même pied la panique des résidents, des profanes, avec celle des professionnels? Il y a des paniques plus pardonnables que d’autres.» Elle observe néanmoins que si les deux hommes ont «fait tout faux», ils ont «pris des risques, essayé d’agir et de faire au mieux».

«A vous de vous faire votre opinion»

Restait le cas de l’ex-coordinateur incendie de l’Hospice général. Le Ministère public a rappelé avoir d’abord classé la procédure le visant, avant d’être contredit par la Chambre pénale de recours. «Certes, il n’a pas fait tout juste. Il aurait pu expliquer individuellement à chaque Protectas et à chaque résident les consignes, arracher chaque cigarette de leurs bouches, faire ôter chaque plaque chauffante des chambres.» Mais il était responsable de 35 sites et dépendant de décisions prises par d’autres. «On lui a reproché tout et son contraire, d’avoir accordé trop d’importance à l’humain par rapport à la sécurité, et inversément.» Bref, pas convaincu que ses inévitables erreurs relèvent du pénal, le Parquet n’a pas voulu se prononcer sur sa peine. «C’est à vous, juges de fond, de vous faire votre propre opinion.»

Le procès se poursuit jeudi, mais la montagne constituée au fil de huit ans de procédure, d’auditions et d’expertises pourrait bien accoucher, d’un point de vue pénal, d’une souris.



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