C’est un curieux document de quatre pages qui est au cœur de l’affaire opposant le Qatari Nasser Al-Khelaïfi, dit « NAK », patron du Paris Saint-Germain et du groupe BeIN Media, et le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane. Cosigné le 10 juillet 2020, par M. Benabderrahmane, représenté par le cabinet d’avocats parisien Oplus, et l’un des avocats de « NAK », Renaud Semerdjian, ce « protocole d’accord » transactionnel était censé « mettre un terme amiable » au « différend » entre les deux hommes « relatif à l’appropriation illicite par Monsieur T. [M. Benabderrahmane] de documents confidentiels au préjudice de la victime [M. Al-Khelaïfi] ».
Le Monde a pris connaissance de ce document, « régi et interprété conformément au droit français », qui énumère une série de « déclarations et d’engagements », et que conteste depuis septembre 2021 M. Benabderrahmane devant le tribunal judiciaire de Paris. Le lobbyiste estime l’avoir paraphé sous la contrainte alors qu’il était sous résidence surveillée à l’hôtel Intercontinental de Doha, avec interdiction de quitter le Qatar, après cinq mois et demi de détention « arbitraire » dans l’émirat.
En préambule de cet accord, « Monsieur T. reconnaît s’être approprié illicitement des documents confidentiels dont il a notamment altéré/falsifié l’objet et le contenu ». La nature de ces fameux documents, « devant être remis au jour de la signature » du protocole, n’est pas spécifiée. Il est fait référence aux « enregistrements audio, vidéo, photos sur tous supports de quelque nature que ce soit, de tous écrits/documents confidentiels, originaux et/ou copies (…) en rapport direct ou indirect avec la personne et/ou la vie familiale, professionnelle ou publique et/ou l’activité de la Victime et ou les sociétés qu’il représente, détenus directement ou indirectement par Monsieur T. ou ses affiliés [« membre de sa famille et toute personne ayant eu connaissance des agissements de Monsieur T. » et « toute personne en possession (…) ou ayant participé directement ou indirectement à l’obtention, la garde ou l’utilisation des documents confidentiels »]. »
Trois clés USB
Une annexe liste trois clés USB et un « disque dur externe noir » « en la possession » de « Monsieur T. » et/ou ses « affiliés » et que M. Benabderrahmane s’est engagé à restituer intégralement à M. Al-Khelaïfi.
Comme l’atteste un courrier du 15 juin 2020, trois supports ont été remis par Olivier Pardo, l’avocat de M. Tayeb Benabderrahmane et du Marocain Hicham Karmoussi (qui aurait lui signé deux protocoles) – ancien homme de confiance de « NAK » et source présumée desdits documents – à Francis Szpiner, l’un des avocats de M. Al-Khelaïfi. Me Pardo y assure en ignorer le contenu. Trois supports sont présentés sur deux photos jointes au courrier. Contacté, Me Pardo n’a pas souhaité faire de commentaire, étant « soumis au secret professionnel ».
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