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A l’Assemblée nationale, LFI pris au piège de la stratégie populiste

A l’Assemblée nationale, LFI pris au piège de la stratégie populiste


La présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, le 24 octobre 2022.

Marine Le Pen peut être satisfaite : en votant, lundi 24 octobre, la motion de censure déposée par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes, alliant les formations de la gauche parlementaire), la députée d’extrême droite (Pas-de-Calais) a fait d’une pierre trois coups : elle désigne Les Républicains comme alliés objectifs de la majorité présidentielle ; elle montre au gouvernement qu’elle peut être un pivot de l’opposition et, enfin, elle divise profondément la gauche.

Cette dernière ne semble en effet pas au clair sur l’attitude à adopter face au Rassemblement national (RN). Si cette situation n’est pas née après l’élection de 89 députés lepénistes, en juin, elle s’est en tout cas cristallisée lundi. Car plusieurs leaders de La France insoumise (LFI), moteur de la Nupes, ont marqué une rupture avec une certaine tradition de la gauche vis-à-vis de l’extrême droite.

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Ainsi, après le vote de leur motion de censure, des « insoumis » de premier plan ont regretté d’avoir manqué de 50 voix pour faire passer leur texte. La présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot, a ainsi estimé : « Cinquante voix. C’est ce qu’il aura manqué pour censurer la Macronie. Qu’ils se le tiennent pour dit, leur gouvernement ne tient qu’à un fil. La Nupes est la seule alternative à leur monde de malheur. » Alexis Corbière (LFI, Seine-Saint-Denis) a abondé : « Une majorité alternative existe, c’est le peuple ! Nous sommes prêts à gouverner. Rappelez le peuple aux urnes, c’est à lui de décider. » Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a tweeté : « La droite sauve le gouvernement de justesse. Il manquait 50 voix pour éjecter le gouvernement. Nous sommes prêts pour la relève. »

Désaccord profond

Il serait incongru d’imaginer les parlementaires de la Nupes ne pas voter leur texte sous prétexte que les députés RN le font. Cependant, si le vote de lundi dessine, comme LFI le dit, une « majorité alternative » populaire, cette dernière inclut, de fait, le Rassemblement national.

Un postulat incompréhensible de la part de militants qui ont combattu l’extrême droite depuis le début de leur engagement, dont les valeurs et les propositions sont diamétralement opposées à celles de Marine Le Pen. Et qui sont en désaccord profond sur des points aussi essentiels que les valeurs républicaines, les institutions, le rapport à l’islam, les questions sociétales, la politique économique ou la défense de l’environnement.

Autre point incompréhensible : le matin même, plusieurs figures de la gauche reprochaient à Emmanuel Macron d’avoir rencontré Giorgia Meloni, nouvelle première ministre italienne d’extrême droite, la qualifiant de « fasciste ». Et, quelques heures après, les mêmes feignent d’ignorer les voix du RN en faveur de leur texte. Par exemple, dans son intervention à la tribune de l’Assemblée, Mme Panot n’a pas eu un mot pour se désolidariser du choix de Mme Le Pen.

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