Depuis le 30 mars, les salariés de l’usine Buitoni de Caudry, dans le Nord de la France, se rassemblent tous les jours devant les grilles de l’entreprise qui a fermé ses portes sur décision de Nestlé. Des croix en bois portant des prénoms, des matricules et les dates d’entrée à la Soc produits alimentaires Caudry sont plantées sur les grilles, formant un cimetière symbolique. Les salariés ont appris que Nestlé avait conclu un accord pour indemniser les familles des enfants contaminés en mars 2022. Ces derniers avaient consommé des pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up fabriquées sur place. Deux enfants sont morts et cinquante-six autres ont été hospitalisés souffrant d’un syndrome hémolytique et urémique qui s’attaque aux reins. En réponse, le préfet a ordonné la fermeture de l’usine incriminée.
Les salariés de Buitoni se sentent injustement accusés et crucifiés pour des faits non avérés. Nathalie Cotteau, 54 ans, qui travaille dans l’entreprise depuis vingt ans, assure que plus de 2 000 analyses ont été effectuées sur les lignes et qu’aucune contamination n’a été trouvée. Les salariés ont toujours suivi les protocoles et ont été insultés sur les réseaux sociaux sans être responsables de l’incident. En mars 2023, Nestlé a décidé de fermer définitivement l’usine Buitoni, laissant plus de 120 salariés au chômage.
Le maire de Caudry, Frédéric Bricout, estime que Nestlé a tout fait pour que l’usine ferme et compte retirer une plaque installée dans sa mairie vantant les pizzas Buitoni. Aujourd’hui, l’enjeu est de trouver un repreneur pour le site. Des marques d’intérêt s’expriment, mais il est trop tôt pour en dire davantage selon le sous-préfet de Cambrai, Raymond Yeddou.
Buitoni n’est pas la seule entreprise à susciter l’inquiétude des élus locaux. Il y a aussi Escaudœuvres, où les salariés font griller de la viande et ont sorti le Picon et le Coca pour l’apéritif. Le 19 mars 2023, une course à pied devait fêter les 150 ans de la sucrerie Tereos, mais le 8 mars de la même année, Tereos a annoncé la fermeture de l’usine, ce qui a choqué ses 123 salariés.
La crise sanitaire a exacerbé les difficultés économiques de nombreuses entreprises, mais les salariés sont les premiers à en payer le prix fort. Ils se sentent trahis par des entreprises qui ont exploité leur travail et leur ont donné l’impression d’être vulnérables en l’absence de mesures de protection efficaces.
Les élus locaux doivent faire preuve de créativité pour trouver des solutions alternatives pour les salariés dont le travail est menacé par la fermeture d’entreprise, et veiller à ce que les entreprises qui souhaitent s’installer dans leur ville respectent les normes sanitaires et environnementales.