« Il y a un niveau d’incertitude sans précédent en Europe » sur l’approvisionnement en énergie, a déclaré mercredi Benoît Revaz, directeur de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Les prix sont fortement affectés par la guerre en Ukraine et la Suisse n’est pas épargnée.
« Nous vivons actuellement la première crise énergétique mondiale, avec l’Europe comme épicentre », a dit Benoît Revaz, directeur de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), lors d’une conférence de presse à Berne.
Le responsable a détaillé les différents chantiers sur lesquels la Confédération travaille afin d’assurer l’approvisionnement l’hiver prochain. Outre le parachute de secours pour les entreprises énergétiques, qui doit encore être adopté par le Parlement, Benoît Revaz a cité une campagne de sensibilisation de la population aux économies d’énergie. Une plateforme sera disponible à la fin août.
Nous vivons actuellement la première crise énergétique mondiale, avec l’Europe comme épicentre
Le responsable a rappelé qu’un accord de solidarité était en négociation avec l’Allemagne sur la fourniture de gaz et que des discussions allaient commencer dans ce domaine avec l’Italie. La Confédération travaille aussi avec les exploitants de gaz pour assurer les réserves pour l’hiver. Des discussions ont également lieu dans le domaine hydraulique.
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« Le risque de pénurie d’électricité est réel »
Pour Michael Frank, directeur de l’Association des entreprises électriques suisses (AES), « le risque de pénurie d’électricité est réel et important ». C’est pourquoi, selon lui, « rien faire n’est pas une option », tout en ajoutant toutefois qu’il ne faut pas tomber dans l’alarmisme.
Comme pour le gaz, il existe plusieurs mesures visant à éviter cette situation en Suisse. Si l’approvisionnement en électricité incombe en premier lieu au secteur privé, c’est l’Etat qui reprend les commandes lorsque le risque d’une pénurie devient trop important. Plusieurs mesures sont alors appliquées en fonction de la gravité de la situation, comme l’a rappelé Michael Frank devant la presse à Berne.
La première mesure prévue en cas de manque d’électricité cet hiver en Suisse serait un appel de la Confédération aux entreprises et à la population à réduire volontairement leur consommation par le biais de messages ciblés. Dans un deuxième temps, de premières limitations ou interdictions de certains usages pourraient être prononcées pour les appareils et installations non nécessaires. Cela peut concerner l’utilisation des saunas ou encore les publicités lumineuses.
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Mesures de rationnement possibles
En troisième recours, un contingentement de l’électricité pour les gros clients sera mis en place. Enfin, la quatrième mesure est la plus drastique. Elle prévoit des délestages sur l’entier du territoire national. Ainsi, les exploitants du réseau de distribution coupent – pour quelques heures – l’alimentation des consommateurs dans leur région, en alternant les secteurs touchés.
La première étape est du ressort du délégué à l’approvisionnement économique du pays. Les trois suivantes nécessitent une décision du Conseil fédéral et sont appliquées par l’Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise (OSTRAL).
« Nous avons choisi consciemment ces mesures de contingentement et de rationnement. Elles doivent ainsi nous permettre d’éviter d’en prendre de plus drastiques », a souligné Michael Frank.
Inquiétude des entreprises
Face à cette situation, les entreprises sont toujours plus inquiètes. Leurs directions souhaitent être mieux encadrées, pour se préparer face à une possible pénurie d’électricité l’hiver prochain. Un tel soutien viendra entre autres des fournisseurs d’énergie. François Fellay,directeur d’Oiken qui distribue l’électricité des régions de Sion et de Sierre, dit comprendre les préoccupations voire la colère de certains patrons d’entreprises.
« On a un plan de rencontrer l’ensemble de nos clients, ce qui comprend près 100’000 Kw/h par année. C’est eux qui devront appliquer ces restrictions et peut-être adopter des contingentements de consommation. On doit les aborder avec des données qui sont correctes et sur lesquelles la Confédération se basera pour réduire la consommation. »
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ats/fgn