La justice béninoise a remis en liberté, mercredi 27 juillet, trente opposants arrêtés durant l’élection présidentielle d’avril 2021, qui avait été émaillée de violences, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source judiciaire. Ces libérations ont lieu le jour de la visite d’Emmanuel Macron à Cotonou, après son passage au Cameroun mardi.
La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme a « libéré et placé sous contrôle judiciaire cet après-midi trente personnes arrêtées pour des infractions commises durant la période électorale », a déclaré à l’AFP une source proche du parquet.
Parmi les personnes libérées figurent des responsables et de jeunes militants du parti d’opposition Les Démocrates, a confirmé le vice-président du parti, Noureini Atchadé. « Il y a notamment un de nos vice-présidents en la personne de Paulin Dossa, l’ancien ministre Houdou Ali et la jeune militante et activiste Nadine Okounmassou », a-t-il précisé.
Pas de « détenus politiques » au Bénin, affirme son président
Le président français était mercredi à Cotonou, où il a rencontré le président Patrice Talon en milieu de journée. Au cours d’une conférence de presse conjointe, le président béninois a affirmé qu’il n’y avait pas de « détenus politiques » au Bénin, en réponse à la question d’un journaliste français lui demandant s’il comptait faire libérer prochainement deux figures de l’opposition condamnées à la fin de 2021 à de lourdes peines d’emprisonnement.
« Je suis droit dans mes bottes », a déclaré le président béninois, ajoutant toutefois ne pas exclure des « actes de grâce ou d’amnistie » dans le futur. M. Macron n’a fait aucune mention des condamnations ou du recul démocratique dans le pays ouest-africain au cours de ses déclarations publiques, en dépit de nombreux appels d’organisations de défense des droits humains et d’une partie de l’opposition française et béninoise. Les deux chefs de l’Etat avaient toutefois affirmé avoir abordé les sujets politiques lors de leurs discussions privées, sans donner plus de détails.
Depuis sa première élection, en 2016, M. Talon a lancé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d’engager son pays dans la voie du développement. Cette modernisation s’est accompagnée d’un important recul démocratique, selon l’opposition, quasiment réduite à néant aujourd’hui. Patrice Talon a été réélu en 2021 à l’issue d’une campagne électorale émaillée de violences, alors qu’aucun grand parti de l’opposition n’avait été autorisé à présenter de candidats.
Des manifestations avaient éclaté dans le centre du pays, et avaient été réprimées dans le sang. Par la suite, des dizaines d’opposants avaient été arrêtés à travers le pays. Parmi eux, deux grandes figures : l’ancienne garde des sceaux Reckya Madougou, condamnée à vingt ans de réclusion pour « terrorisme », et le constitutionnaliste Joël Aïvo, condamné à dix ans de prison pour « complot contre l’autorité de l’Etat » en décembre 2021.