Qui détient la recette pour réduire l’inflation alimentaire dans les rayons des supermarchés ? Il y a un an, les matières premières flambaient. La spéculation portait à son paroxysme les cours des céréales, des métaux, du carton, du transport et de l’énergie à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
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Depuis quelques mois, la tendance s’est inversée. A l’exemple du blé, dont la tonne se négocie aujourd’hui, sur Euronext, aux alentours de 250 euros contre 350 euros à la même période de 2022. La chute est encore plus brutale pour le colza : son cours est passé, en un an, de 800 euros à 470 euros. Le reflux est également notable sur le prix du gaz, de certains métaux, comme du transport.
Des arguments qui pèsent auprès du gouvernement, désireux d’endiguer la vague d’inflation qui continue de monter dans les rayons des supermarchés. Elle a atteint 15 %, en mars, pour les produits agroalimentaires. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée chargée des PME, Olivia Grégoire, ont donc décidé d’envoyer, début avril, un courrier aux industriels comme aux distributeurs pour les inciter à rediscuter leurs tarifs et à prendre en compte ce repli des marchés des matières premières.
« Manœuvre des industriels »
Mais les industriels ne semblent pas pressés, d’autant que l’encre est à peine sèche sur les contrats annuels qu’ils viennent de signer le 1er mars. « Politiquement, le gouvernement a besoin de montrer qu’il n’y a pas d’effet d’aubaine », réagit Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires, avant d’ajouter : « Dans nos contrats, nous avons des clauses de renégociations pour tenir compte des variations des cours des matières premières. Nous les appliquerons. » Et de justifier : « Si le blé ou l’énergie baisse sur les marchés mondiaux, cela ne signifie pas obligatoirement que l’industriel en bénéficie immédiatement. Cela dépend de ses taux de couverture et de ses engagements. »
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Pour Richard Panquiault, directeur général de l’Institut de liaisons et d’études des entreprises de consommation, qui représente les grands fournisseurs, « il faut respecter la notion de symétrie entre le moment où le distributeur accepte les hausses de tarifs et celui où l’industriel est en mesure de les baisser ». En résumé : « On ne peut pas appeler à une réouverture générale des négociations commerciales. »
Les distributeurs craignent que les industriels ne tentent de ralentir le processus. Eux cherchent à tout prix à enrayer la baisse de leurs volumes de ventes, qui atteint 5 % au premier trimestre sur un an, selon l’Institut Circana. Et se disent « surpris de la manœuvre des industriels, qui expliquent que les clauses de renégociation incluses dans les contrats suffisent. Ce sont les mêmes qui disaient, il y a un an, qu’elles ne suffisaient pas lorsque les prix montaient », fait valoir Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, qui représente les enseignes. « En marche avant, ça va, en marche arrière, ça a du mal », dit-il.
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