Des étudiants en enseignement de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui ont fait la grève sont furieux contre l’établissement, qui laisse planer la possibilité de faire échouer leur stage à l’issue de la session d’automne.
« On cherche clairement à punir les étudiants ayant pris part à la grève des stages ces dernières semaines », estime Anne-Sophie Bendwell, membre de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’Éducation (ADEESE).
De la mi-octobre à la mi-novembre, des milliers d’aspirants professeurs étaient en grève pour revendiquer de meilleures conditions de stage, demandant notamment une rémunération et une meilleure protection contre le harcèlement durant leurs formations pratiques.
Le 16 novembre, les étudiants ont décidé de mettre fin au conflit, admettant « des avancées significatives » de la part de l’UQAM.
Un abandon au dossier
Puis, un courriel envoyé par l’Université aux étudiants : « Si des journées de votre formation pratique ont été manquées, elles devront être reprises à l’intérieur du trimestre d’automne 2022. S’il n’est pas possible de reprendre ces journées […], la mention X (Abandon) sera apportée à votre dossier. »
« Nous avions finalement obtenu des gains et nous étions prêts à nous en satisfaire, explique Anne-Sophie Bendwell. Mais depuis vendredi, on nous menace de nous mettre en abandon, c’est une claque. »
Selon l’ADEESE, 750 étudiants seront pénalisés. Elle qualifie ces mesures comme « jamais vues à la suite de grèves étudiantes à l’UQAM ».
Contactée, l’Université assure que « moins de 50 étudiants seront touchés par la mesure abandon ».
« La grande majorité des stages s’est poursuivie de manière conforme cet automne », assure Caroline Tessier, directrice du Service des communications de l’UQAM.
Un an de perdu
Nathan Lepage, étudiant en deuxième année de baccalauréat en enseignement secondaire, fait partie des étudiants touchés.
« Comme j’ai fait la grève, il me sera impossible de finir mon stage avant la fin de la session d’automne, comme exigé par l’UQAM, souligne l’étudiant. J’aurais donc une mention abandon pour ce semestre. Cela impliquera de repayer des frais de scolarité et d’avoir à rallonger mon parcours universitaire d’un an. »
« Est-ce qu’on peut se permettre de retarder l’entrée sur le marché de futurs professeurs alors qu’on en manque cruellement ? ironise Aurégane Damourette, étudiante en adaptation scolaire. Il faut que l’Université revienne sur cette décision et que les étudiants aient des accommodements pour continuer leurs stages au cours de la prochaine session. »