L’afflux exceptionnel de migrants et de réfugiés ukrainiens en Suisse se fait de plus en plus sentir dans les écoles romandes. Alors que certains établissements arrivent déjà à saturation, la Confédération prévoit plus de 100’000 arrivées d’ici la fin de l’année. Une situation qui pèse sur les enseignants.
Certains cantons comme Vaud frôlent déjà la saturation. Le ministre vaudois de la formation Frédéric Borloz (PLR) a d’ailleurs alerté qu’il pourrait bientôt manquer de locaux et d’enseignants pour prendre en charge les enfants allophones d’Ukraine et ceux d’autres origines dont le nombre est en forte augmentation.
Les classes d’accueil sont, par exemple, déjà saturées alors que leur capacité avait été presque doublée à la rentrée. Même cas de figure à Genève où en parallèle des 746 élèves arrivés d’Ukraine, le canton a aussi dû accueillir 300 élèves supplémentaires en classe d’accueil à la rentrée 2022.
Situation difficile pour le corps enseignant
Le canton, qui pourrait également manquer de personnel et de locaux, parle de « crise migratoire » qui dépasse l’Ukraine. Le corps enseignant évoque de son côté des classes d’accueil saturées, des enfants traumatisés ou encore l’enseignement différencié des élèves allophones, qu’ils soient ukrainiens ou non.
« On constate une certaine disparité entre les cantons. A Genève, on a l’habitude d’accueillir les élèves de tout horizon. Mais dans d’autres cantons, c’est beaucoup plus difficile à gérer », constate David Rey, président du Syndicat des enseignants romands, interrogé vendredi dans La Matinale.
D’autant plus que les départs et arrivées des élèves se font souvent dans l’urgence: leur dire au revoir est parfois impossible puisqu’ils sont scolarisés selon leur premier lieu d’hébergement, avant d’être affectés d’un jour à l’autre dans une autre commune ou dans un nouveau logement.
>> Les précisions de La Matinale:
Jura et Fribourg encore épargnés
Si tous les cantons notent une augmentation constante des effectifs, certains restent toutefois moins engorgés que d’autres. Dans le Jura par exemple, six classes d’accueil ont été ouvertes. On estime par ailleurs que l’arrivée de nouveaux élèves sera contrebalancée par leur intégration progressive en classes régulières où il y a encore un peu de marge.
Fribourg ne craint pas non plus de saturation. Le canton bénéficie en effet d’une certaine marge de manœuvre. Car si l’école d’une commune n’est plus en mesure d’accueillir des nouveaux élèves, ceux-ci peuvent toujours être scolarisés dans une localité voisine.
Des « espaces ressources » à La Chaux-de-Fonds
Dans le canton de Neuchâtel, la ville de La Chaux-de-Fonds accueille 95 élèves ukrainiens, contre une trentaine à Neuchâtel. Pour l’heure, ces écoliers sont toujours placés dans des classes ordinaires. Mais face au risque de décrochage de ces jeunes et du retard accumulé, des « espaces ressources » ont été mis en place il y a quelques semaines.
Ces espaces offrent quelques heures de cours de français intensif, mais aussi des visites de la ville et de ses infrastructures. Interrogé vendredi dans La Matinale, Fabrice Demarle, l’un des trois directeurs de l’école obligatoire de La Chaux-de-Fonds, constate les bénéfices de ces espaces. « Cela a un double effet. D’une part, les élèves ukrainiens sont soulagés de pouvoir sortir et se voir entre eux et d’autre part cela permet aux enseignants ordinaires de rattraper leur retard pris dans le programme ».
>> L’interview de Fabrice Demarle, un des directeurs de l’école obligatoire de La Chaux-de-Fonds, dans La Matinale:
Sujets radio: Charlotte Frossard, Julie Rausis, Deborah Sohlbank
Texte web: hkr