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Il y a 25 ans, la gloire pour Villeneuve, la honte pour Schumacher

Il y a 25 ans, la gloire pour Villeneuve, la honte pour Schumacher


Les Québécois avaient pris l’habitude de se lever tôt le dimanche matin pour regarder le parcours de Jacques Villeneuve en Formule 1. Mais jamais ils n’ont été aussi nombreux en ce 26 octobre 1997 à être rivés à leur téléviseur et à espérer un coup d’éclat.

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Coup d’éclat que leur pilote favori a réussi avec panache lors d’un Grand Prix d’Europe disputé sous haute tension et dont on soulignera dans quelques jours le 25e anniversaire. 

Récit d’une fin de semaine disputée en plusieurs rounds et où Villeneuve a réussi à mettre K.-O. un adversaire coriace nommé Michael Schumacher pour ainsi devenir champion du monde. 

Pour cette 17e et dernière étape de la saison, l’Allemand s’était présenté au circuit de Jerez de la Frontera, en Espagne, avec une mince avance d’un point aux dépens de Villeneuve. Schumacher savait que, pour remporter un troisième titre (qui aurait été son premier chez Ferrari), il devait s’assurer non seulement de garder la Williams-Renault derrière lui, mais aussi – et surtout – de ne pas la voir disparaître de ses rétroviseurs si elle s’en était trop approchée.

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Une armée contre lui

Dès son arrivée le jeudi dans le sud de l’Espagne, Villeneuve a tôt fait de réaliser qu’il avait déjà deux prises contre lui. Ce n’était plus un duel entre deux pilotes, mais une confrontation entre lui et une machine de guerre, en l’occurrence Ferrari, qui avait déployé l’artillerie lourde pour parvenir à ses fins.

«Nous nous battons pour le championnat, et je veux le remporter de la façon la plus correcte possible… sans accident», avait insinué Schumacher. C’est exactement le contraire qui s’est produit.


Sorti de sa monoplace enlisée dans le bac de gravier du circuit de Jerez de la Frontera, en Espagne, Michael Schumacher souhaite, en vain, que Jacques Villeneuve soit à son tour victime d’un abandon.

PA Images via Reuters Connect

Sorti de sa monoplace enlisée dans le bac de gravier du circuit de Jerez de la Frontera, en Espagne, Michael Schumacher souhaite, en vain, que Jacques Villeneuve soit à son tour victime d’un abandon.

«C’était une joute politique. Il est clair que Ferrari prenait tous les moyens pour nous déstabiliser. Mais je n’ai pas mordu. Au contraire, ça m’a motivé», s’est rappelé Villeneuve.

Pendant la dernière séance d’essais libres, le samedi matin, Eddie Irvine avait eu la mission de gêner Villeneuve une nouvelle fois pendant un tour rapide. Ce fut une manœuvre de trop. On a vu le pilote québécois quitter précipitamment sa monoplace pour dire sa façon de penser au coéquipier de Schumacher.

«J’ai voulu lui signifier que ce n’était pas la façon d’agir, tout en m’assurant que les caméras captent la scène», de relater Villeneuve qui avait traité Irvine d’idiot. À une question du journaliste Daniel Poulin, le bouillant pilote irlandais avait sèchement répondu que «les Canadiens français [sont] les seuls à espérer voir Villeneuve gagner».

Trois chronos identiques

Plus tard, on apprendra aussi que le patron de la Scuderia, Jean Todt, avait donné ordre à Norberto Fontana de nuire à Villeneuve pendant la course. Il faut préciser que Ferrari était aussi le motoriste de la Sauber du pilote argentin. 

«Fontana est venu me voir, quelques années plus tard, pour s’excuser et m’avouer qu’il a posé ce geste dans l’espoir de garder son volant la saison suivante», a raconté Villeneuve.

Puis, c’est à une situation tout à fait inimaginable que nous avons assisté lors de la séance de qualifications. Crédité du chrono le plus rapide après seulement une quinzaine de minutes en bouclant le circuit en 1 min 21,072 s, Villeneuve s’était vu décerner la position de tête provisoire.

Mais coup de théâtre, un quart d’heure plus tard, quand Schumacher a égalé le temps de son rival au millième près, avant que Heinz-Harald Frentzen (coéquipier de Villeneuve) ne vienne lui aussi inscrire un chrono identique. Du jamais-vu en Formule 1. Villeneuve étant le premier à l’avoir réalisé, c’est lui qui a eu le privilège de s’élancer en position de tête aux côtés de Schumacher.

Coup de volant et… perruques jaunes

Dès le signal du départ, Villeneuve s’est toutefois fait surprendre non seulement par Schumacher, mais aussi par Frentzen qui, un peu plus tard, le laissera passer. 

Deuxième derrière Schumacher, Villeneuve a attendu son dernier arrêt au puits de ravitaillement pour passer à l’attaque. Chaussé de pneus frais, il s’est pointé immédiatement derrière la Ferrari de Schumacher pour le surprendre au 48e tour. 


Au 48e tour, Jacques Villeneuve plonge à l’intérieur du virage et surprend Michael Schumacher.

Photo courtoisie FOA

Au 48e tour, Jacques Villeneuve plonge à l’intérieur du virage et surprend Michael Schumacher.

«Je me disais que j’avais deux tours pour le faire après mon arrêt et j’avais choisi une portion de la piste où Michael était moins rapide que moi pour plonger à l’intérieur», a expliqué Villeneuve. 

Se voyant piégé, Schumacher a donné un coup de volant [le coup de volant de la honte, lira-t-on dans plusieurs médias] en direction de son rival. Mais c’est l’arroseur arrosé qui en paiera la note. 


L’Allemand donne un coup de volant, et le contact entre les deux voitures est inévitable.

Photo courtoisie FOA

L’Allemand donne un coup de volant, et le contact entre les deux voitures est inévitable.

«Quand il m’a percuté, je n’ai pas été surpris. Venant de lui, je m’attendais à tout. Il y a une chose qu’on ne peut lui reprocher, c’est sa constance…», a affirmé Villeneuve. 

On connaît la suite. La Ferrari s’est enlisée dans le bac de gravier sans jamais en ressortir. Malgré une voiture légèrement endommagée, Villeneuve a réussi à rallier l’arrivée au troisième rang, non sans laisser Mika Häkkinen et David Coulthard orchestrer un doublé pour l’écurie McLaren. 

Si Ferrari avait choisi de produire des casquettes de champion, qui n’ont évidemment jamais été utilisées, l’écurie Williams, elle, avait trouvé une façon plus originale de célébrer le titre de son pilote: en coiffant les membres de son organisation de perruques jaunes. 

Pour la petite histoire, Villeneuve s’était teint les cheveux en blond quelques mois plus tôt.

Grand Prix d’Europe de Formule 1

Circuit de Jerez de la Frontera, 17e et dernière étape du Championnat 1997

Classement final



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