Bien que la situation se soit améliorée depuis 20 ans, les personnes de petite taille sont encore stigmatisées et victimes de préjugés en 2022 au Québec.
«Des fois les gens nous parlent en bébé, ils se penchent et on voit vraiment un changement de ton comparativement à une personne de taille classique», nous a expliqué en entrevue Émilie Couture, présidente de l’Association québécoise des personnes de petite taille (AQPPT), qui tiendra en octobre le mois du nanisme.
«Il y a quand même une partie de la population qui sait que le mot «nain», on ne veut plus l’entendre, a ajouté Mme Couture. Ils savent qu’on doit dire «personne de petite taille», il y a un bon bout de chemin qui est fait là-dessus.»
L’organisation a prévu différentes activités à cette occasion, dont une exposition présentée dans trois bibliothèques de Montréal ainsi que de la sensibilisation auprès des enfants.
Portrait
Dans le cadre du présent reportage, nous avons rencontré une personne de petite taille, Bruno Labonté, un homme de 40 ans qui a arrêté de grandir à l’âge de 8 ans. Il mesure actuellement 4 pieds et 3 pouces (environ 1m30).
«On m’a déjà appelé un soir pour me dire qu’un poste est ouvert [relativement à une recherche d’emploi]. J’arrive là-bas le lendemain pour passer l’entrevue, la personne me voit et elle me dit que le poste est fermé», nous a confié M. Labonté en guise d’exemple de stigmatisation.
La forme de nanisme dont il est atteint est la dysplasie spondylo-épiphysaire, une des nombreuses causes du nanisme dans le monde.
«Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais il y a moins de mythes autour du nanisme qu’il y a 20 ans», a mentionné celui qui est aussi père d’un adolescent de 16 ans qui est aussi de petite taille.
M. Labonté dit s’être adapté à pas mal tout avec les années sauf lorsqu’il est question de son fils.
«Je trouve ça dur quand le monde le regarde, lui. Moi, je me suis fait à l’idée», nous a-t-il confié.
Nathalie Labelle, conseillère en inclusion sociale à l’AQPPT, soutient, elle, que les personnes de petite taille sont «encore les plus stigmatisées parmi les personnes handicapées de toutes sortes».
«C’est encore correct de faire des «jokes de nains», mais pas pour une personne en fauteuil roulant ou une personne non voyante par exemple», a souligné Mme Labelle.
Pour ce qui est de la vie quotidienne, Bruno Labonté dit avoir appris avec le temps à faire face aux situations auxquelles une personne de petite taille peut être confrontée régulièrement.
«Je n’hésite plus à grimper s’il faut que j’aille chercher un produit qui est sur la dernière tablette en haut à l’épicerie», a-t-il lancé.
Le nanisme comporte en outre certains problèmes de santé particuliers. En raison de sa maladie, Bruno Labonté a par exemple dû subir une opération aux hanches à l’âge de 6 ou 7 ans pour cause de douleurs trop intenses.
Plus récemment, il y a un an, il a dû quitter son travail dans la restauration sur recommandation de son médecin parce qu’il s’agit d’un travail trop physique. Il a quand même pu travailler dans ce domaine pendant 18 ans.
Il y a au Québec environ 1500 personnes de petite taille.