La pratique du ski compile de plus en plus de critiques à son égard. En cause, sa consommation énergétique à des fins récréatives, considérées comme superflues par certains milieux, alors que la crise environnementale appelle à plus de sobriété.
Les loisirs énergivores polarisent et des voix s’élèvent peu à peu contre certaines pratiques sportives. Le ski, sport phare en Helvétie, ne semble pas très en phase avec la crise environnementale et énergétique actuelle. Sur le plan économique, en revanche, ce sport représente un milliard et demi de chiffre d’affaires annuel. Les remontées mécaniques, elles, comptabilisent à peu près 18’000 emplois. En tout, cela représente 1% du PIB national.
Depuis la crise du Covid-19 et les problèmes d’accès à l’énergie, l’adaptation et le renouvellement des pratiques du quotidien sont devenus une priorité. Seulement, les méthodes pour parvenir à de futures innovations dans le domaine des loisirs ne mettent pas tout le monde d’accord.
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Activités hivernales remises en question
« Peut-être que la période d’âge d’or du ski est derrière nous. Il faut trouver des alternatives, des compléments au ski comme activité économique principale », estime Christophe Clivaz, conseiller national valaisan (Les Verts).
Les destinations des Alpes doivent se renouveler, en réfléchissant à un tourisme étalé sur les quatre saisons annuelles.
Un avis qu’il partage avec Jérémy Savioz, responsable de la section valaisanne de Pro Natura: « Il y a une remise en question à long terme de l’avenir de ces activités, surtout pour les stations de basse ou moyenne altitude. Les destinations des Alpes doivent se renouveler, en réfléchissant à un tourisme étalé sur les quatre saisons annuelles. » Il rajoute qu’à certains endroits, ces activités ne font « plus sens » et qu’elles risquent même de disparaître.
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Critiques perçues comme non-justifiées
« Ce qui est surprenant, c’est que le ski est la seule industrie en Suisse que l’on propose de sacrifier. Je ne me rappelle pas avoir vu de telles demandes ailleurs, que l’on renoncerait à l’agriculture, aux banques, aux universités », s’offusque le conseiller national valaisan Philippe Nantermod (PLR). « J’ai de la peine à comprendre cette volonté de monter les régions en Suisse les unes contre les autres en utilisant le ski comme bouc émissaire. »
Le PLR Sergeï Aschwanden, député au Grand Conseil vaudois et directeur du domaine skiable de Villars-sur-Ollon, réfute également les critiques faites au ski. « Je crois qu’il est normal que, lorsqu’on attaque de manière non justifiée les remontées mécaniques, celles-ci se défendent. On a essayé de trouver des compromis par rapport à la situation énergétique, comme on l’a fait avec le Covid », fait-il valoir.
>> L’interview de Sergeï Aschwanden sur les pénuries d’électricité et les remontées mécaniques, au 12h30:
Bouc émissaire ou vache sacrée ?
Selon Philippe Nantermod, la raison qui explique ces critiques naît de l’aspect jugé élitiste du ski. « Si certaines personnes considèrent que c’est un sport qui ne concerne qu’une élite, il y a alors un côté lutte des classes, parce que le ski incarne des combats sociaux, la ville contre la campagne, ou la ville contre le montage. Donc, c’est un bon moyen de taper là où ça fait mal », estime-t-il.
Serge Rohrer, membre du Conseil d’administration du domaine des Bugnenets (NE)-Savagnières (BE), voit au contraire le ski comme un sport populaire: « Le ski a toujours été une activité de loisir pratiquée par tout le monde, avec des fréquences différentes selon les moyens, bien entendu. Ça me rappelle les camps de ski dans les écoles, auxquels on allait quelles que soient les conditions sociales. On trouvait les moyens de financer le camp de ski de la semaine », se remémore-t-il.
Comme s’il faisait partie de l’ADN suisse, le ski a son importance sociale, revendique Berno Stoffel, le président de la faîtière des remontées mécaniques suisses. « Le ski rassemble différentes générations, notamment autour d’évènements marquants ou de grands moments vécus collectivement. »
Célia Bertholet/rad